Algérie-France-Histoire
Des moudjahidine rappellent le passé repressif de l’ex-SAS de Bouzeguene dite d’Ait-Megève
Tizi-ouzou, 7 mai 2011 - Des moudjahidine de la guerre de libération nationale de la région de Bouzeguene (anciens combattants) critiquent les visites dans la région »d’anciens officiers et sous officiers français », liés à l’ex-Section Administrative Spécialisée (SAS), dite S.A.S d’Ait-Megève, en rappelant le passé repressif et les »tristes souvenirs » rattachés »à ce poste militaire ouvert en 1955, avec tous les moyens de repression possibles ».
Cette sortie de moudjahidine de la région intervient notamment en réaction à la dernière visite de l’ex-chef de la SAS, M. Claude Grandjaques (1961-1962), qui pronait dans un entretien à notre site, enregistré en vidéo (1 et 2 ), un rapprochement entre la France et l’Algérie et envisage même de créer un monument virtuel sur internet pour honorer »toutes les victimes » des deux côtés.
Dans leur déclaration, reçue à Bouzeguene News, ces moudjahidine rappellent notamment le souvenir de »ces milliers de femmes et d’hommes passés quotidiennement par le circuit infernal dans cette unité, pour leur soustraire des renseignements », le cas d’un village où les habitants se sont rendus tous ensemble »hommes, femmes, enfants, jeunes, vieux, réclamer pacifiquement en masse, la liberté d’un de leur citoyen » et qui sont »accueillis et dispersés à coup de rafales de 30 robustes à partir de la guérite tuant une femme et sa petite fille », »ces centaines de civils, (hommes, femmes et enfants) torturés, violés et assassinés froidement dans de différents villages au cours de missions de patrouilles ou d’opérations de ratissages et ces Moudjahidine et Moussebline, blessés, prisonniers de guerre, froidement exécutés, au mépris des règles en la matière ».
»Et enfin, durant « jumelles », l’obligation faite aux populations lar-gement exténuées, de recevoir des unités de l’armée, de les abriter aux villages même, de s’entourer de barbelé, de fournir l’auto-défense, de contrôler les entrées et sorties des villages, sinon pas de quota de ravitaillement, proféraient ces chefs de S.A.S. Du chantage bien orchestré, mis rapidement à exécution. Une décision appliquée, à la lettre, au point ou certaines populations réticentes mangeaient de l’herbe mélangé au peu de farine de gland qu’ils réussissent à cueillir clandestinement, sous les bombes, en zone interdite. C’est le génocide caractérisé », ajoute la déclaration.
»Que de grosses bavures et actes criminels vite oubliées, ignorées dans leurs tristes fond parfois par les générations de l’indépendance, et revisitées moralement aujourd’hui par ces acteurs de l’armée française, sans égards au bon sens, au respect, à l’éthique, pour reléguer tous ces méfaits derrière l’amitié qu’on aurait retrouvée. », ajoute le texte, ses auteurs jugeant le rapprochement »inopportun » et soulignent que »la criminalisation et le pardon restent toujours d’actualité entre la France et l’Algérie pour ce qui concerne la révolution ».(BMS)
BELKACEMI Mohand Said
Le texte intégral de la déclaration signée »Des Moudjahidine de la région »
A Bouzguéne, les anciens officiers et s/officiers français de la S.A.S (Section Administrative Spécialisée) y défilent pour revoir ce site implanté à Zemaa. C’était à l’époque du colonialisme et de lutte sans merci contre l’ALN – FLN que ce poste militaire a été ouvert en 1955, avec tous les moyens de dissuasion possibles.
Quels tristes souvenirs !
– L’implantation, de cette structure de défense, est construite en forme de forteresse, entourée de larges murailles de pierres cimentées, assortie de trois grandes guérites, disposées en «blocos» d’observation et de garde. Elle était une œuvre imposée aux indigènes les plus performants en construction de la région, dont l’un, détourné à leur profit, laissa sa propre vie, abattu sur les lieux même, à l’arme blanche par un élément de l’OC/FLN, qui illustra merveilleusement sa qualité ce Moudjahid.
- Des structures métalliques militaires adéquates sont réalisées pour abriter les unités de combat et la Section Administrative Spécialisée, le 2eme bureau, chargé des renseignements et ses services annexes leurs permettant le contact avec les populations, tels que : l’état civil, le permis de mouvement et les affaires diverses, qui constituent, en fait, l’intermédiaire et le rapprochement, pour le « renseignement ».
– Des structures annexes d’accueil pour les détenus-récalcitrants. Du sous-sol, des guérites aménagés en cellules, et autres trous « tisrafines » remplies au ¾ d’eau boueuse, de salles de tortures équipées de la G.G.N etc., et enfin, aux puits pour se débarrasser des cadavres éventuels. Comme également le site faisant office d’écurie au bétail (retenu) et réservé à leur copieux repas.
Le renseignement privilégié alors dans le concept militaire, alla susciter dès son installation des incursions organisées quotidiennement vers les masses populaires et témoignent de leurs sinistres passages dans les villages. On procède aux arrestations au hasard, on les soumet au circuit, d’abord par «tisrafines », le temps de réfléchir à la douleur, jusqu’à la GGN et tortures diverses, allant parfois jusqu’aux puits de la mort pour les enfouir à jamais. On arrive parfois sous cette pression à identifier des moudjahidine, les moussebline et à obtenir d’autres renseignements. On identifie et brûle leurs maisons. On arrête les membres de leurs familles, leurs épouses subissent sévices et atrocités, presque toutes sont passées par Ait-Megève (à commencer par celle du Colonel chef de wilaya jusqu’au simple Djoundi) et bon nombre d’entre elles sont transférées ailleurs pour des tâches quotidiennes indescriptibles jusqu’au cessez-le-feu.
Les actes criminels dont ils se sont rendus coupables sont aussi odieux que nombreux pour se manifester aujourd’hui, prêchant l’amitié retrouvée entre la France et l’Algérie à travers les 20% d’émigrés de doubles nationalités que compte la localité, qui après avoir été au cœur de la rébellion, devait maintenant être au cœur du rapprochement, selon les déclarations de l’un de ces visiteurs, l’ex-chef de cette fameuse S.A.S d’Ait-Megève.
Le rapprochement apparait inopportun : la criminalisation et le par-don restent toujours d’actualité entre la France et l’Algérie pour ce qui con-cerne la révolution.
Pour mémoire :
– Ces milliers de femmes et d’hommes passés quotidiennement par ce circuit infernal dans cette unité, pour leurs soustraire des renseignements ne peuvent être oubliés, ni effacés dans les mémoires de ceux qui les ont connu, et soutenu dans leurs douleurs.
– Ces populations d’un village venues désespérément, tous ensemble, hommes, femmes, enfants, jeunes, vieux, réclamer pacifiquement en masse, la liberté d’un de leur citoyen, accueillis et dispersés à coup de rafales de 30 robustes à partir de la guérite tuant une femme et sa petite fille est un acte aussi odieux que criminel.
– De même que ces centaines de civiles, (hommes, femmes et enfants) torturés, violés et assassinés froidement dans de différents villages au cours de missions de patrouilles ou d’opérations de ratissages et ces Moudjahidine et Moussebline, blessés, prisonniers de guerre, froidement exécutés, au mépris des règles en la matière, le sont aussi et reflètent aisé-ment leurs volontés délibérées en la matière.
Et enfin, durant «jumelles », l’obligation faite aux populations lar-gement exténuées, de recevoir des unités de l’armée, de les abriter aux villages même, de s’entourer de barbelé, de fournir l’auto-défense, de contrô-ler les entrées et sorties des villages, sinon pas de quota de ravitaillement, proféraient ces chefs de S.A.S. Du chantage bien orchestré, mis rapide-ment à exécution. Une décision appliquée, à la lettre, au point ou certaines populations réticentes mangeaient de l’herbe mélangé au peu de farine de gland qu’ils réussissent à cueillir clandestinement, sous les bombes, en zone interdite. C’est le génocide caractérisé.
Que de grosses bavures et actes criminels vite oubliées, ignorées dans leurs tristes fonds parfois par les générations de l’indépendance, et revi-sitées moralement aujourd’hui par ces acteurs de l’armée française, sans égards au bon sens, au respect, à l’éthique, pour reléguer tous ces méfaits derrière l’amitié qu’on aurait retrouvée.
Nous vous renvoyons aussi à ce lot de photos, émises par les intéressés sur des sites internet et autres, pour nous faire rappeler qu’ils scolarisaient dans le temps, nos enfants, dans le cadre d’une pacification aveugle, pendant que certains de leurs parents étaient sous la torture. Ils constituaient, en fait, de par leurs jeunes âges, eux aussi, la proie et la source d’information privilégiée, leur ultime démarche, pour combattre et tenter de vaincre l’ALN et le FLN sur le terrain.
Enfin, nous aurions voulu, des récits et des photos authentiques relatives à leurs actions et actes quotidiens, sans aucun truchement, des images de valeurs historiques, notamment : les sévices corporels pratiqués à longueur de journées, les scènes de tortures de toutes natures, celles de cadavres mutilés, défigurés, entassés et enfouis dans des puits et dépôts d’ordures mitoyens. Ces visiteurs, auraient alors au moins contribué à l’écriture de l’histoire, nous apporter ce que la France coloniale ne nous a pas donné, dans le temps, nous, génération de novembre : l’instruction nécessaire et les moyens audio-visuels, pour mieux convaincre nos enfants et les tiers aujourd’hui. Là, est le devoir de vérité, et l‘on pourra juger de l’opportunité de l’amitié retrouvée, entre la France et l’Algérie - Gloire à nos martyrs.
Des Moudjahidines de la région
Vidéo des lieux de l’ancien siège de la SAS de Bouzeguene

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