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Lilia Achiche: une jeune femme d’Ait Salah qui monte dans le corps arbitral en France
Tizi-ouzou, 5 juillet 2011 – Admirable parcours que celui de Lilia Achiche, du village Ait Salah, qui semble bien partie pour gravir une à une et avec succès les marches du corps arbitral en France. Lilia, qui a eu à l’Institut d’Education Physique et Sportive à Delly Brahim (Alger), sa licence EPS en 2003, dans les spécialités football en sport collectif et athlétisme en sport individuel, vient d’être admise à l’examen théorique pour devenir arbitre fédéral féminine (l’élite en France).
Si tout se passe bien, comme elle le dit dans une interview à Bouzeguene News – Kabylie News, cette femme qui arbitre0 dans la région de Picardie (en France) elle je sera nommée arbitre fédérale féminine pour la saison 2012/2013. Kabylie News – Bouzeguene News vous livrent le texte integral d’une e-interview réalisée par mail avec Lilia, qui a plus de 400 matchs officiels arbitrés à ce jour, dont 230 matchs en Algérie.
Elle tient à rendre hommage à M. Touil ABDELKADER, ancien arbitre de touche fédéral en Algérie et à MM. Nicolas Allart et Jean Luc Borland, qui depuis depuis 2004 à ce jour, en France pour la confiance et l’aide qu’ils lui ont accordés qui lui sont »précieuse pendant toutes ces années », dit-elle. Elle salue également le rôle de son frère Youcef, grâce à qui elle a pu continuer d’arbitrer après la fin de ses études. »Il m’accompagnait dans tous mes déplacements, et souvent on est resté bloqué à Tizi-Ouzou ou AZAZGA à des heures tardives, par manque de transport ». Elle garde un mauvais souvenir de la la ligue régionale d’Alger qui l’a souvent punie, dit-elle, »du fait de mon refus d’arbitrer dans des régions lointaines, et non sécurisées comme DRAA EL MIZANE, BOUGHENI et autres ». Interview:
Présentation, son parcours scolaire et débuts dans l’arbitrage?
Je suis née le 02 mars 1981 à Bouzeguéne. J’ai fréquenté l’école primaire du village Ait Salah, l’école fondamentale AZZOUG SAID à Houra et puis le lycée de Bouzeguéne, jusqu’à l’obtention du bac en 1999.
Après le BAC, je me suis inscrite à l’Institut d’Education Physique et Sportive à Delly Brahim, ou j’ai eu ma licence EPS en 2003, spécialités football en sport collectif et athlétisme en sport individuel. Après un petit passage au lycée technique des frères Hanouti à Bouzeguéne, ainsi qu’au CEM Akli Amar en tant qu’enseignante d’EPS, je suis partie en France comme tous les jeunes étudiants de ma génération, où j’ai obtenu mon diplôme de Master 1 en management des Organisations sportives à l’université de Marne La Vallée.
Etant toujours sportive, j’avais un rêve de petite fille «jouer au foot pour la JSK», mais notre société me semblait peu ouverte à cela, et puis comment dire à son père que je veux jouer au foot? C’était inimaginable pour moi à cette époque. Alors je me suis contentée d’étudier sereinement et sérieusement.
Un jour en regardant une émission sportive très connue sur l ENTV, la FAF à diffusé une annonce de recrutement d’arbitres, une semaine plus tard je me suis présentée à la ligue de Wilaya d’Alger pour le retrait du dossier d’inscription. Après 3 mois de formation, on a passé l’examen final le 14 juin 2001, dans des conditions difficiles (c’était le jour de la marche noir). Je précise qu’on était 6 filles candidates. Bref j’ai été reçue à l’examen et c’est à partir de là que j’ai commencée à diriger des rencontres de foot tous les jeudis et vendredi.
Mon premier match, je m’en souviendrais toute ma vie. C’était au stade de BOULOUGHINE. USMA contre EL BIAR en école de football. Ce match m’a beaucoup marqué car je comprenais à peine la règle du hors jeu. Lors de ce match, j’ai accordé 7 buts en position d’hors jeu. On ne peut pas être toujours bon du premier coup…!
Les matchs s’enchainent, et mon autorité naturelle ma permis de gérer tous ces matchs tout en continuant à travailler mes qualités d’arbitre et de progresser. Les conseils des collègues et des formateurs m’ont été très utiles.
Comment vous sentez-vous dans le corps arbitral?
Au début, l’arbitrage était mon espace de liberté. Au fil des années l’arbitrage est devenu l’air que je respire, je ne pouvais plus m’en passer (cela fait juste partie de ma vie). J’ai fait de grands sacrifices pour arriver là ou j’en suis aujourd’hui. Même si c’est un peu dur depuis la naissance de ma fille, je continue de travailler et de progresser.
Je pense en toute sincérité que je suis faite pour être arbitre, la seule différence c’est que je suis une femme. En 11 ans d’arbitrage on m’a jamais manqué de respect ni en Algérie, ni ici en France. Je parle bien du terrain car en dehors (dans les tribunes) c’est plus difficile. En Algérie je garde en mémoire ses réflexions courantes qui suivent :
- vas faire la vaisselle,
- te marier et t’occuper des gosses,
- faire la cuisine ect…
Je répondais souvent avec le sourire car ça m’amusais. Je pense ce qui cassait plus l’arbitrage féminin ou même masculin c’est plus les instances footballistique Algérienne que ce genre de réflexions.
Quelle est la rencontre où vous avez officié qui vous a le plus émue?
Je suis émue à chaque match difficile à arbitrer, et que je sors sous les applaudissements, quant des femmes viennent me voir pour me féliciter et de me dire combiens je suis courageuse. En Algérie, je pense que le match opposant le NAHD contre la JSK était spécial pour moi. C’était la première fois que j’arbitre la JSK.
En France c’était mon match en avril 2008, Equipe de France féminine contre Compiègne en amical. Mais aussi et surtout mon premier match arbitré dans ma ville natale à Bouzeguéne en 2009, à l’occasion du tournoi national des jeunes footballeurs à ATH SAID. Je ne m’attendais pas à un tel respect, et accueil de la part des gens de ma commune.
Quel bénéfice tirez-vous de cette activité?
Le bénéfice il est plus moral que matériel, même si pendant mes années de faculté cela m’a aidée à poursuivre mes études. Aujourd’hui je n’aiI pas besoin de ça pour vivre. Cela m’a permis de gagner en maturité et de prouver à ceux qui ont des doutes que la femme est capable d’exercer un métier exclusivement masculin, en plus avec brio et sans reproche. Je suis sorti d’un trou, je n’ai jamais pensais sortir de mon village…
L’arbitrage m’as permis de rencontrer des gens formidables, intéressants, et puis cela m’a permis également de voyager, de découvrir d’autres villes ou régions.
Comment voyez-vous votre avenir dans l’arbitrage et dans les organisations du football.
Dans le football en général je souhaiterais donner de mon temps, mon expérience, ainsi que mes connaissances pour la promotion de football féminin et l’arbitrage féminin. La France a le même souci, il y a de moins en moins de licenciées et de bénévoles.
Dans l’arbitrage : j’ai fait un parcours remarquable, je suis la seule femme dans la région de Picardie a arbitré à un niveau aussi élevé. Je viens d’être admise à l’examen théorique pour devenir arbitre fédéral féminine (l’élite en France). J’aurais pour la saison prochaine des matchs examens sur le terrain. Si tout se passe bien je serais nommée arbitre fédérale féminine pour la saison 2012/2013. Après cela j’envisagerais de continuer le travail et je vise l’international.
Je vais continuer à consacrer un peu de mon temps pour la formation des jeunes arbitres. Je fais déjà partie d’un dispositif qui s’appelle « jeunes talents », où quelques jeunes arbitres sont suivis toute la saison, par des anciens arbitres.
Pensez-vous devenir un jour présidente de la fédération de France ou même de la Fifa? Avez-vous ce genre d’ambitions?
Non! J’ai plus envie de donner de mon temps comme je l’ai dis auparavant à la formation des jeunes arbitres, et d’être utile au district de l’Oise et la ligue de Picardie de football, car je suis reconnaissante pour tout ce qu’ils ont fait pour moi depuis mon arrivée en 2004. Car j’ai une dette vers eux.
Interview réalisée par mail par Belkacemi Mohand Said
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